Le travail de Sofia Durrieu examine où, parmi les objets, les discours et les constructions "standard" du comportement contemporain et de la vie domestique, peut apparaître la possibilité d'une rupture, dans l'intention de pousser la perception au-delà de son conditionnement pour l'efficacité.

Sa pratique est principalement basée sur la sculpture et la performance, qu'elle comprend comme une continuité : ce sont toutes deux des situations où le corps en situation est un champ de manifestation des mécanismes d'endoctrinement et - à son tour - une source de leur possible désarticulation.

Les œuvres traitent de la fonctionnalité, des limitations, des mécanismes et des structures -matériaux, discours, systèmes de perception, habitudes- qui sont tellement assimilés dans notre perception et notre comportement qu'ils deviennent invisibles, un refuge pour notre absence. Afin de les reconsidérer -et avec elles, ce qu'elles apportent-, ces structures seront retirées du contexte qui les justifie, compromettant ainsi leur sens. Certains attributs fonctionnels seront utilisés à des fins incertaines, moins définissables, où la logique binaire des opposés ne tiendra pas.

Parfois, les situations qu'elle propose demanderont une participation attentive et engagée du spectateur. Elles auront souvent besoin d'un contact pour être éclairées, invitant la connaissance du corps, l'intuition et/ou les émotions à venir au premier plan. Dans la mesure où celles-ci sont impliquées, le langage opératoire et sa mécanique sont en quelque sorte désactivés et le jugement automatique, déplacé, révélant que l'univocité du sens et l'ordre appris sont apocryphes. Dans une certaine mesure, c'est un engagement qui demande une reddition : avec lui apparaît l'opportunité d'expérimenter la forme et la structure au-delà de sa conception fixe, ouvrant ainsi sa nature dynamique, contradictoire, versatile, mutante, poétique.